La peur du lendemain
par Jean-Martial Blanchard
(extrait de l’article paru dans le n°37 de Ganymède)
La peur du lendemain De quoi demain sera fait? Quelle est mon avenir proche ou lointain? Quand vais-je trouver l’amour, un travail? Voilà l’essentiel des questions posées à un astrologue.
Elles trahissent pour la plupart la peur du lendemain, une angoisse existentielle. Comme si connaître son avenir permettait de mieux vivre l’instant présent ! C’est en outre une croyance à laquelle beaucoup de personnes souscrivent. Elles en oublient presque qu’elles vivent dans cet instant éphémère et fuyant qu’est le présent. C’est en fait le seul moment où elles peuvent vraiment agir sur leurs destinées. Rares sont les personnes qui viennent en consultation et demandent tout simplement: « Qui suis-je? » Là, est la question essentielle qui concerne l’Être et non pas l’avoir ou le devenir qui sont les effets et non la cause de l’être. On ne devient rien et l’on ne possède rien si l’on n’EST pas, en outre on peut très bien ÊTRE sans devenir quelqu’un d’autre que soi-même, ni se définir seulement en fonction de ses possessions. Mais il faut bien reconnaître qu’il est plus facile de fantasmer et d’espérer un avenir des plus prometteurs plutôt que de remettre en questions ses mauvaises habitudes, ses paresses, ses croyances qui, si elles assurent une certaine sécurité intérieure, empêchent l’être d’avancer et d’évoluer.
La plupart des personnes interrogées prétendent se connaître à fond, elles pensent être conscientes de toutes les facettes de leur personnalité. Mais elles oublient que l’humain utilise en moyenne seulement 10% de son cerveau, les 90% restants sont occupés par l’inconscient, siège et réservoir de nos pulsions, désirs, fantasmes, instincts. Ces contenus inconscients ne sont pas portés à la connaissance du moi conscient. Le refoulement est un processus automatique assuré par le surmoi servant à empêcher les remontées pulsionnelles de l’inconscient dans la partie consciente afin de préserver l’intégrité du moi. Il faut bien comprendre que ce processus n’est pas efficace à 100%. Donc personne ne peut prétendre se connaître à fond.
En astrologie karmique, ces mécanismes inconscients se divisent en deux groupes biens distincts: Les samskaras (impressions du passé) et les vasanas (demandes latentes issues du passé). Ces deux mécanismes sont là tout au long de notre vie pour nous dicter, nous imposer une suite infinie de réactions et de pulsions créant des actes générant des effets plus ou moins heureux. Le but de la consultation est d’amener l’être à ne plus subir sans comprendre, l’amener vers son dharma, son véritable projet de vie. En l’aidant à se détacher de l’importance accordée au fruit de l’acte c’est à dire l’égoïsme, la possessivité, l’orgueil, la vanité qui entraînent la fuite incontrôlée en avant (cause >effet> cause>effet>etc.). C’est généralement l’effet qui fait naître en nous les sentiments ambigus et paradoxaux de souffrance, de joie, de plaisir. L’humain, toute sa vie, cherche par ses prises d’initiatives, ses actes, à produire des effets qui, dans la mesure du possible, devront combler son ego et parfois renforcer son désir de pouvoir. L’activité ou son contraire est une réponse à un effet. L’individu cherche en permanence à agir au nom du principe de plaisir cher à Freud.
La peur du lendemain
Le travail de connaissance de soi proposée par l’astrologue est donc primordial et essentiel si l’on veut prétendre avancer d’une façon optimale sur le chemin de la vie. Deux qualités sont essentielles afin de rendre ce travail profitable: en premier lieu le courage de plonger au fond de son âme, ensuite l’honnêteté de reconnaître ses travers et ses noirceurs souvent issus de peurs, de frustrations, de manques, de blocages (même le besoin de pouvoir est souvent une peur de ne pas pouvoir tout contrôler).
Afin d’imager mes propos, je dirais que l’on ne fait pas un long voyage agréable dans une voiture dont le frein à main est serré à fond. Le but de toute analyse astrologique consiste donc à amener le consultant à desserrer ce frein en prenant conscience de qui il est vraiment. Pour ma part je conduis toujours mes consultations de façon à ce que les personnes se découvrent et parviennent à comprendre que l’avenir, qu’il soit craint ou espéré, est fonction de ce que l’on fait de son présent.
J-M. Blanchard
Rédacteur du cycle d’astropsychologie de l’enfant